EROSION COTIERE

Avec l’élevation du niveau des océans, toute l’Aquitaine va connaître un recul du trait de côte de plusieurs centaines de mètres. Peut-on protéger de l’érosion côtière l’urbanisation actuelle en bordure de l’océan ?

CAS DE LA COTE AQUITAINE

Depuis plusieurs décennies on peut observer un recul du trait de côte particulièrement marqué dans le Médoc. A Soulac ce recul est de l’ordre de 200m en 50 ans soit, en moyenne 4m par an. De plus, les experts sont de plus en plus nombreux à prévoir une élévation du niveau de la mer de un mètre pour la fin du siècle avec une tendance à l’accélération.
Pour estimer l’ampleur du phénomène dans les années à venir les études sont nombreuse et pas toujours concordantes. Pourtant une extrapolation simple de ce qui s’est passé dans les millénaires passés devrait nous donner une indication de cette évolution. Que remarque-t-on en regardant la carte ci-dessous, (établie à partir de Cemagref/Adour-Garonne, Actes des journées techniques sur les lacs et étangs aquitains, 1992) ?
Trait de cote
Evolution du trait de côte depuis la dernière glaciation.
Source : Cemagref/Adour-Garonne.

En 18000 ans le niveau de la mer est monté de 120 m et le trait de côte a reculé de 50 km environ au niveau de Biscarrosse et Arcachon. Une simple règle de trois nous donne un recul de 400 m pour l’an 2100.
Y a-t-il une erreur dans ce calcul ?

Certes, il y a au moins deux incertitudes : Le niveau de la mer va-t-il effectivement monter d’un mètre et le temps de réaction. Mais ce qui se passe déjà dans le Médoc n’est pas rassurant. Quant à la dune du Pilat, elle recule de 3 à 5 mètres par an suivant les observateurs.

Est-il raisonnable de laisser bâtir l’arrière du premier cordon de dunes ?
Ne faudrait-il pas créer des zones interdites à la construction comme en montagne pour les couloirs d’avalanches ou en plaine dans les zones inondable ?

PROTECTIONS

Pour lutter contre ce recul du trait de côte, plusieurs solutions on été imaginées. La plupart sont répertoriées dans J. W. Kamphuis, Introduction to coastal engineering and management, 2000.
Toutefois, page 270 de cet ouvrage, on peut lire :
« When the hotels replace the dunes, the beautiful beaches quickly erode to the point that no beach is left. The hotels and other structures are then endangered and are often protected by seawalls and groins (Ch. 15). Fewer tourists will now come to sunbathe (on the seawalls). The hotels need both protection and recreational beach and this can be provided by artificial beach nourishment. »

Soit en français :
« Lorsque les hôtels remplacent les dunes, les belles plages s’érodent rapidement au point qu’il ne reste aucune plage. Les hôtels et autres structures sont alors en danger et sont souvent protégés par des digues et épis (Ch. 15). Moins de touristes viendront maintenant pour prendre le soleil (sur les digues). Les hôtels ont besoin de protection et de plage pour la baignade ce qui va nécessiter des plages artificielles. »

EXEMPLES AUX SAINTES MARIES DE LA MER

Le cas des ouvrages réalisés aux Saintes Maries de la Mer et à proximité est intéressant car plusieurs techniques ont été utilisées avec des fortunes diverses malgré un environnement assez semblable.

Protections simples à l’Est des Saintes Maries :
Epis simples
Epis simples. Très peu de sable est resté le long des enrochements. Pas de plage.
Source : Geoportail © IGN 2018.
Epis simples.
Epis simples. Les plages sont alimentées en sable.
Source : Geoportail © IGN 2018.
Protections plus complexes pour la « plage des épis ».
Brise-lames.
Brise-lames avec tombolos. Très peu de sable est resté dans la partie gauche.
Source : Geoportail © IGN 2018.
Brise-lames et épis.
Epis et brise-lames. Très peu de sable est resté dans la partie gauche.
Source : Geoportail © IGN 2018.

EXEMPLE AU PORTUGAL – PRAIA DE CORTEGACA

D’un point de vue technique, il s’agit d’une illustration du texte de « coastal engineering and management » évoqué précédemment.

Du point de vue de l’intérêt général les travaux réalisés semblent très discutables :
  1. forte réduction de la zone de baignade (cf. « Bains publics » sur la photo) ;
  2. site dénaturé par les digues et épis ;
  3. coût des travaux et de l’entretien très vraisemblablement à la charge des contribuables.
Evidemment, du point de vue des quelques propriétaires de bars, restaurants et autres constructions en front de mer, il en va différemment.
Epis et digues.
Epis et enrochement. Pas de sable le long des enrochements.
Source : GoogleMap 2018.

RECHARGEMENT EN SABLE

C’est la solution actuellement utilisée à Biscarrosse.
On notera la disproportion entre le chargement du camion et la taille de la dune à protéger.

Rechargement en sable à Biscarrosse en juin 2024
Rechargement en sable sur la plage de Biscarrosse en juin 2024.
Source : SAN.

Le rechargement en sable sur une distance de 1 km coûte en moyenne 319 000 € par an (suivant Communauté de Communes des Grands Lacs).
C’est une solution à court terme à recommencer chaque année. De plus, la remontée du niveau de l’océan provoquera inévitablement une augmentation du coût annuel.

RELOCALISATION

Une autre solution consiste à s’adapter au recul du trait de côte, c’est la relocalisation. Ceci consiste le plus souvent à détruire les constructions trop proches du rivage et à les reconstruire en recul.

UNE ALTERNATIVE A LA DEMOLITION / RECONSTRUCTION ?

Il est aussi possible de déplacer les constructions trop proches du rivage.

Déplacement maison
Déplacement d’une maison aux USA.
Source : Wikipedia.
Le coût est-il acceptable ?

La réalisation d’un tel « déplacement » peut être acceptable mais est à étudier au cas par cas car cette pratique est fréquente aux USA depuis de nombreuses années.
En 1999, un phare situé en Angleterre (Belle Tout lighthouse, at Beachy Head, East Sussex), en haut d’une falaise qui menaçait de s’effondrer, a dû être déplacé. L’opération, pour un bâtiment de trois étages en granit, de 600 à 850 tonnes (suivant estimations) avec les annexes a coûté 250 000 £ d’après « The moving of Belle Tout lighthouse ». Alors que la valeur du bâtiment serait de 500 000 £ plus 700 000 £ de restauration.