LES PLANTES RARES

Dans un milieu particulièrement pauvre en éléments nutritifs, les espèces ont développé des stratégies de survie spécifiques favorisant une biodiversité exceptionnelle !

Le lac de Cazaux-Sanguinet a gardé jusqu’à un passé récent un caractère oligotrophe exceptionnel favorisant le développement de plantes rares. Dans un milieu particulièrement pauvre en éléments nutritifs, les espèces ont développé des stratégies de survie spécifiques favorisant une forte biodiversité. Un grand nombre des plantes rares présentes aux abords du lac sont ainsi protégées au niveau national, européen ou mondial.
Des relevés de certaines plantes rares ont été réalisés en 2005 à l’initiative de la SAN en vue du classement Natura2000. Téléchargez ces inventaires détaillés, certifiés par le Docteur Jean Laporte-Cru, en cliquant sur le lien suivant : FloreAttestation
Voici un aperçu des plantes rares des bords des lacs landais et, en particulier, du lac de Cazaux-Sanguinet.

Survolez un document pour avoir plus de précisions.

DROSERA INTERMEDIA

Nom : Droséra intermédiaire – Drosera intermedia

Description : plante carnivore de taille modeste qui se présente sous forme de rosettes de feuilles en forme de petites spatules. Les feuilles sont bordées de poils rougeâtres terminés par une goutte de sécrétion brillante permettant la capture de petits insectes qui sont ensuite digérés par des enzymes. Floraison de juillet à août.

Protection : liste rouge européenne de l’UICN (évaluation 2013) : NT
Droséra intermédiaire à Biscarrosse

ERICA LUSITANICA

Nom : Bruyère du Portugal – Erica lusitanica

Description : espèce de bruyère qui peut atteindre 1 à 3 mètres de hauteur et produit des fleurs en clochettes blanches ou rosées disposées en grappes compactes. Floraison de février à mars.

Protection : Liste rouge de la Flore vasculaire de France métropolitaine – 1 (2012) : EN (listé Erica lusitanica) Livre rouge de la flore menacée de France – Tome I : espèces prioritaires (1995) : V (listé Erica lusitanica Rudolphi)
Bruyère du Portugal à Biscarrosse

DROSERA ROTUNDIFOLIA

Nom : Rossolis à feuilles rondes – Drosera rotundifolia

Description : plante carnivore qui ne pousse que dans les zones de tourbière. Seule espèce du genre Drosera à présenter des feuilles arrondies, à l’extrémité desquelles des poils produisent un suc collant lui permettant de piéger les insectes. L’éclosion s’effectue de mi-juin à fin août et les fleurs de couleur blanche sont disposées en petites grappes .

Protection : liste rouge européenne de l’UICN (évaluation 2012) : LC (listé Drosera rotundifolia)
Rossolis à feuilles rondes

LOBELIA DORTMANNA

Nom : Lobélie de Dortmann – Lobelia dortmanna

Description : plante vivace de 20-50cm, semi-aquatique, pouvant être exondée une partie de l’été. Ses feuilles étroites forment une rosette à la base de la tige qui est généralement immergée. Les fleurs sont bleutées ou liliacées, parfois presque blanches. Elles sont peu nombreuses, pendantes et portées par un pédoncule de cinq à dix millimètres.

Protection : Liste rouge de la Flore vasculaire de France métropolitaine – 1 (2012) : VU (listé Lobelia dortmanna). Liste rouge européenne de l’UICN (évaluation 2013) : LC (listé Lobelia dortmanna).
Lobélie de Dortmann

RANUNCULUS LINGUA

Nom : Grande Douve – Ranunculus lingua

Description : grande plante (50-120cm) vivace à grosse tige souterraine ramifiée présente dans les eaux peu profondes des bords de lacs, rivières et ruisseaux. Fleurs d’environ 3 à 3,5cm de diamètre, de couleur jaune. La floraison a lieu entre juin et août.

Protection : Liste rouge mondiale de l’UICN (évaluation 2014) : LC (listé Ranunculus lingua). Liste rouge européenne de l’UICN (évaluation 2013) : LC (listé Ranunculus lingua)
Grande Douve

LURONIUM NATANS

Nom : Flûteau nageant – Luronium natans

Description : plante vivace développant deux types de feuilles : des feuilles inférieures submergées disposées en rosette et des feuilles flottantes. La floraison de mai à septembre produit des fleurs blanches à trois pétales qui flottent à la surface.

Protection : Liste rouge mondiale de l’UICN (évaluation 2013) : LC (listé Luronium natans). Liste rouge de la Flore vasculaire de France métropolitaine – 1 (2012) : LC (listé Luronium natans). Liste rouge européenne de l’UICN (évaluation 2013) : LC (listé Luronium natans).
Flûteau nageant

L’Isoète de Bory, plante endémique du Sud Ouest

Une plante aquatique sensible aux pollutions

L’Isoète de Bory (Isoetes boryana) est une petite plante herbacée, lisse et sans poil. Ses feuilles sont de section semi-circulaire, filiformes, réparties en touffes dressées ou écartées et d’une couleur verte assez franche. Elles sont persistantes, se renouvellent au cours du printemps voire au début de l’été et mesurent entre 5 et 15cm de longueur.
Les individus sont rassemblés en colonies, qui peuvent être plus ou moins denses et atteindre quelques dizaines de mètres carrés. Le nombre de plantes varie fortement d’une colonie à une autre.

L’Isoète de Bory est aquatique mais peut vivre temporairement hors de l’eau, dans la mesure où le substrat reste très humide. Elle est présente au bord des étangs acides à fond plat et sableux et pousse à une profondeur relativement faible (10 à 50cm). Fortement sensible à la pollution organique du milieu, on ne la rencontre que dans des eaux calmes, pures et limpides.
Elle colonise des sables nus et pauvres en humus. L’apparition et l’accumulation de débris organiques sur le sable pourra entraîner sa disparition et son remplacement par une végétation aquatique mieux adaptée (nymphéas et potamots notamment).

Les eaux oligotrophes très peu minéralisées des plaines sablonneuses, caractéristiques du lac de Cazaux et Sanguinet, répondent aux exigences de l’Isoète de Bory et sont un des derniers lieux de présence de la plante. En effet, l’espèce est endémique du sud-ouest de la France. Bien qu’ayant été signalée dans différentes régions d’Espagne, plusieurs auteurs mettent en doute ces données. Ces incertitudes semblent liées à des difficultés d’ordre taxonomique, notamment au niveau des sous-espèces ou variantes de l’espèce.
Cette aire de répartition extrêmement limitée, ainsi que des menaces liées aux activités humaines, rendent l’Isoète de Bory très vulnérable. Si elle n’est pas préservée, l’Isoète de Bory est vouée à disparaitre.

Une plante menacée qu’il faut protéger

Statuts de l’espèce :
  • Directive « Habitats-Faune-Flore » : annexes II et IV
  • Convention de Berne : annexe I
  • Espèce protégée au niveau national en France (annexe I)
  • Cotation UICN : monde : vulnérable ; France : vulnérable

Extrait de l’Inventaire National du Patrimoine Naturel, réalisé par le Muséum National d’Histoire Naturelle :
« […] compte tenu du nombre limité de stations et de son aire de répartition restreinte, cette espèce mérite une surveillance attentive et engage fortement la responsabilité de la France pour sa préservation. »
Comme l’indiquent les statuts de l’espèce, l’Isoète de Bory est une plante protégée. Pourtant, aucune mesure n’est prise actuellement en faveur de l’espèce et les stations où sa présence a été confirmée ne sont intégrées à aucun espace protégé. Dans les stations actuelles, il semblerait que les populations d’Isoète de Bory, bien que très localisées, soient relativement stables. Néanmoins, depuis le début du siècle, la disparition de plusieurs stations (Souston, Lit-et-Mixe, Aureilhan et Léon) a entrainé une régression de l’Isoète de Bory.

Les principales menaces pour la disparition de l’espèce sont :
  • l’envasement résultant de l’eutrophisation des eaux ;
  • le piétinement ;
  • les activités nautiques.
En observant les derniers inventaires il semble, en particulier, que les sites soumis au piétinement ont connu la plus forte régression des effectifs.
A l’inverse, il est intéressant de noter que l’espèce semblerait capable de coloniser de nouveaux espaces lorsque ceux-ci sont nettoyés. Il s’agit, par exemple, des lacs de chasse à « la tonne » (cabanes de chasse aux gibiers d’eau).
Les principales propositions pour la préservation de l’Isoète de Bory sont donc :
  • maintenir le caractère oligotrophe des eaux en évitant prioritairement les apports de phosphore (élément limitant) ;
  • maintenir la dynamique hydraulique naturelle ;
  • ne pas utiliser de désherbants ;
  • limiter la fréquentation des sites concernés.

Une plante pour lutter contre l’effet de serre

D’après des études de l’IRSTEA (Institut national de recherche en sciences et technologies pour l’environnement et l’agriculture), il semblerait que l’Isoète de Bory facilite la captation du carbone dans le sol, limitant ainsi la production de gaz à effets de serre.

Voici un extrait du site de l’IRSTEA :
Pour cette étude les chercheurs se sont notamment intéressés aux pelouses formées par les isoétides, des plantes aquatiques patrimoniales de petites tailles qui colonisent les substrats sableux, parmi lesquelles on peut trouver :
– la Lobélie de Dortmann (dont les grands lacs aquitains représentent la limite méridionale de leur distribution en Europe)
– la Littorelle à une fleur
– et l’Isoète de Bory (endémique, c’est-à-dire que sa répartition mondiale est restreinte aux lacs aquitains).
« Nous avons pu démontrer le rôle clé que jouent ces espèces dans la régulation des émissions de gaz à effet de serre », explique Cristina Ribaudo, ingénieur de recherche au centre Irstea de Bordeaux. Une première ! « Jusqu’à présent, on connaissait ces plantes du point de vue botanique (distribution, présence, etc.) et du point de vue écophysiologique (soit les réponses comportementales et physiologiques des organismes à leur environnement), mais aucune étude n’avait été menée à l’échelle de la communauté ; encore moins par rapport à leur interaction avec le cycle du carbone et notamment du méthane. »
Une raison de plus pour surveiller et protéger cette espèce unique au monde !