PESTICIDES ET SANTE

Pesticides, métaux lourds, polluants divers.
Quels dangers pour l’homme ?
Comment s’en protéger ?

Pesticides : effets sur la santé

Les pesticides (insecticides, raticides, fongicides et herbicides) sont des composés chimiques utilisés pour lutter contre les animaux ou les plantes jugés nuisibles aux plantations.

Plusieurs enquêtes épidémiologiques ont évoqué l’implication des pesticides dans des pathologies chez des personnes exposées professionnellement à ces substances (agriculteurs, ouvriers de l’industrie chimique notamment).
Selon ces études, cette exposition conduit à un accroissement des risques. En particulier, comme le rappelle l’expertise collective de l’Inserm de 2013 sur les effets sur la santé des pesticides, l’exposition aux pesticides augmente le risque de cancers (cancer de la prostate, du testicule, tumeurs cérébrales et mélanomes) ou de la maladie de Parkinson.
L’exposition en période prénatale engendrerait une hausse du risque de malformations congénitales, des atteintes de la motricité, de l’acuité visuelle ou de la mémoire de l’enfant. Le risque de leucémie et de tumeurs augmente également.

Si ces études s’intéressent aux personnes fortement exposées, et non à l’ensemble de la population, elles tendent à démontrer les dangers des pesticides sur la santé humaine. La question de l’exposition aux pesticides est essentielle pour déterminer le niveau de risque. Pour autant, l’exposition reste un phénomène complexe et les interactions sont encore très peu étudiées et donc difficiles à appréhender.

Exposition aux pesticides

Une étude conduite au Etats-Unis (NCEH, Third National Report on Human Exposure to Environmental Chemicals, 2005) montre que des résidus de pesticides sont retrouvés dans le sang, les urines, les tissus adipeux, certains organes et même le lait maternel.

Outre leur présence dans l’eau, les pesticides se retrouvent également directement dans notre alimentation, en particulier dans les fruits et légumes.
De nombreuses études s’intéressent à la présence de pesticides dans les fruits et légumes avec des résultats contrastés…

Pour l’Autorité européenne de sécurité des aliments, qui publie un rapport de surveillance annuel, « 97,2 % des échantillons analysés se situent dans les limites permises par la législation de l’UE » et « 53,3 % des échantillons testés étaient exempts de résidus quantifiables tandis que 43,9 % contenaient des résidus ne dépassant pas les limites légales ». Parmi les produits les plus chargés en résidus on retrouve les pommes, pêches, fraises et laitues.
Ces résultats qui peuvent sembler plutôt rassurant, même si la moitié des fruits et légumes contient des résidus de pesticides, sont assez éloignés d’autres études menées par des associations.

L’association de défense de l’environnement Générations Futures a par exemple réalisé plusieurs enquêtes sur l’Exposition aux pesticides perturbateurs endocriniens (EXPPERT). L’enquêtes EXPPERT 2 réalisée en 2013 analysait les résidus de pesticides dans les fraises et constate le bilan suivant : sur 49 échantillons analysés, 91,83% contenaient un ou des résidus de pesticides. Parmi ces résidus, certains provenaient de pesticides pourtant interdits. D’autres enquêtes EXPPERT ont été menées. En 2015, EXPPERT 5 s’est intéressé aux salades avec des résultats assez similaires. Sur les 31 échantillons analysés 80,65% contenaient au moins un résidu de pesticide, et les salades testées contenaient en moyenne presque 4 résidus de pesticides chacune. Des traces de pesticides interdits ont encore été détectées.

Par ailleurs, l’exposition et les interactions sont encore très peu étudiées et donc difficiles à appréhender. Les effets d’un mélange de plusieurs substances sont difficilement prévisibles. De plus, l’exposition à d’autres composés (médicaments, autres polluants…) peut avoir une influence sur le métabolisme et compliquer encore l’interprétation des résultats. On parle « d’effet cocktail » lorsque le mélange des molécules les rend plus toxiques que prises séparément.
Cet effet a notamment été mis en évidence en 2015 par des chercheurs de l’Inserm (Institut national de la santé et de la recherche médicale) et du CNRS (Centre national de la recherche scientifique) dans une étude intitulée « Synergistic activation of human pregnane X receptor by binary cocktails of pharmaceutical and environmental compounds » et publiée dans la revue Nature Communications.

Voici un extrait du communiqué de presse :
Ils montrent que certains estrogènes comme l’éthinylestradiol (un des composants actifs des pilules contraceptives) et des pesticides organochlorés tels que le trans-nonachlor, bien que très faiblement actifs par eux-mêmes, ont la capacité de se fixer simultanément à un récepteur situé dans le noyau des cellules et de l’activer de façon synergique.
Les analyses à l’échelle moléculaire indiquent que les deux composés se lient coopérativement au récepteur, c’est-à-dire que la fixation du premier favorise la liaison du second.
Cette coopérativité est due à de fortes interactions au niveau du site de liaison du récepteur, de sorte que le mélange binaire induit un effet toxique à des concentrations largement plus faibles que les molécules individuelles.

Perturbateurs endocriniens

Un Perturbateur Endocrinien est, selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), une substance chimique d’origine naturelle ou synthétique, étrangère à l’organisme et susceptible d’interférer avec le fonctionnement du système endocrinien, c’est-à-dire des cellules et organes impliqués dans la production des hormones et leur action sur les cellules dites « cibles » via des récepteurs.
Ils peuvent interférer sur le système endocrinien de 3 façons :
  1. Imiter l’action d’une hormone naturelle et provoquer la réponse des cellules cibles ;
  2. Bloquer la fixation d’une hormone sur son récepteur ;
  3. Gêner ou bloquer la production ou la régulation d’une hormone ou de son récepteur et donc modifier le signal hormonal.
Une grande partie des perturbateurs endocriniens persiste dans l’environnement de longues années et peut être transférée d’un compartiment de l’environnement à l’autre (sols, eau, air…). Dans le même temps, les perturbations du système hormonal sont liées à des expositions chroniques, à des doses qui peuvent être faibles, et les effets peuvent apparaître avec des délais importants, compliquant les analyses.

Cancérigènes mutagènes et reprotoxiques (CMRs)

Ces substances ont pour point commun de présenter une forte toxicité à long terme (chronique) alors que leur toxicité à court terme (aigue) peut être faible.
Elles sont, pour beaucoup, identifiées et leur utilisation doit être arrêtée dès qu’une solution de substitution est identifiée.
Quels sont les principaux CMRs ?
  • Créosote (utilisée pour le traitement des traverses de chemin de fer)
  • Brai de houille
  • Phtalate de diéthyle et d’hexyle (DEHP plastifiant également perturbateur endocrinien)
  • Chromate de strontium (peintures)
  • Extrait de pétrole lourd paraffinique distillé
  • Oxyde de chrome
  • Oxyde de plomb
  • Trichloroéthène (tri)
  • Dinitrotoluène
  • Oxyde de cadmium

Polluants émergents

Cette catégorie regroupe des substances très diverses dont la dangerosité a été sous-estimée et qui, souvent, ne sont pas prises en compte dans les réglementations :
  • résidus médicamenteux parvenant dans l’environnement via les stations d’épurations qui sont peu efficaces pour ces substances ;
  • nanoparticules ;
  • surfactants ou tensioactifs ;
  • autres substances pour lesquelles le défaut de connaissance des risques a pour conséquence un contrôle insuffisant.

Le bio, une solution ?

L’agriculture biologique est encadrée par des règles sur le mode de production, fondé notamment sur la non-utilisation de produits chimiques de synthèse, la non-utilisation d’OGM, le recyclage des matières organiques, la rotation des cultures et la lutte biologique, l’élevage de type extensif et le recours aux médecines douces.
Pour autant, les pesticides ne sont pas complétement absents de l’agriculture biologique. La différence réside dans le fait que les pesticides utilisés pour le Bio sont issus de sources naturelles. L’Institut Technique de l’Agriculture Biologique tient à jour un guide présentant les substances autorisées.

Parmi ces intrants, le cuivre est sans doute celui qui pose le plus problème.